«Journal de Résurrection: Jours 1 à 8»

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Jour 1 : Le Choc

Après un choc, après un évènement brusque – qu’il soit positif ou négatif d’ailleurs – un évènement qui provoque un bouleversement dans nos vies, nous passons par un certain nombre d’étapes qui, du traumatisme provoqué par son annonce et jusqu’à la reconstruction, nous permettent de traverser, d’accueillir et d’intégrer le changement qu’induit cet évènement.

On recense en général 7 étapes incluant le choc initial et la reconstruction finale. Entre ces deux étapes il y a d’abord le déni, puis la colère et le marchandage. Viennent ensuite la tristesse et la résignation et enfin l’acceptation et la reconstruction.

Dans nos vies Il y a parfois de l’incompréhensible, de l’indicible. Il y a des actes tellement hors normes que les mots n’existent pas pour les raconter. Le choc, c’est ce qui vient rompre le cours des choses.

Pour les disciples c’est l’annonce fracassante de la résurrection de Jésus. Si sa mort était prévisible (il avait certainement trop tiré sur la corde, trop joué avec les limites), sa résurrection est un choc. Que faire de cette information totalement inouïe, totalement incroyable ? Elle n’entre dans aucun schéma de pensée et les disciples n’ont pas de mots pour l’intégrer, pas de briques conceptuelles pour la penser. Il va leur falloir traverser le bouleversement qu’implique la résurrection pour pouvoir la proclamer et surtout la vivre. Traverser la résurrection comme un deuil inversé, d’étape en étape.

Je vous propose pour ce culte méditatif de vivre ces étapes, un jour à la fois, du 1er jour de la semaine jusqu’au 8ème jour.

Huit jours pour traverser le choc de la résurrection : 1 semaine et 1 jour.

Huit jours pour digérer l’impensable. Huit jours ce n’est pas un hasard : le chiffre 8 c’est le chiffre de la plénitude et de la résurrection car le nombre 8, au final, c’est l’infini remis debout.

Mais commençons au premier jour, par ce choc brutal et soudain provoqué par un fait qui aurait pu n’avoir l’air de rien au départ mais qui, au final, a tout changé : un tombeau vide.


Journal de résurrection, 1er jour

Je n’ai pas de mots. Rien ne fait sens.

Il était pourtant là, gisant dans son tombeau, c’était si simple : la défaite, le deuil, l’acceptation, la fin de nos rêves, le retour à la vie d’avant.

Et maintenant quoi ? Tout cela n’a aucun sens.

Je n’ai pas de mots et pourtant j’écris. J’écris parce que je comprendrai peut-être un jour.

Pour l’instant tout est vide, rien ne fait sens.

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Jour 2 : Le Déni

Après un choc vient le déni.

Le déni c’est un mécanisme de défense parfaitement naturel. Lorsque rien ne fait sens, lorsque nos schémas de pensées ne correspondent plus à la réalité, le déni c’est ce qui nous permet de suspendre le temps, et de croire, un instant, que rien ne s’est passé ; parce que la réalité implique trop de bouleversements, trop de risques à prendre, trop de blessures potentielles.


Journal de résurrection, 2ème jour

Marie m’a raconté hier une étrange histoire. Elle m’a dit qu’elle s’était rendue au tombeau et qu’elle n’avait pas trouvé le corps du Seigneur.

Cela ne m’étonne pas. Marie a vu ce qu’elle voulait voir, c’est-à-dire rien. Elle a toujours cru que Jésus disait vrai quand il affirmait qu’il se relèverait de la mort le 3ème jour.

Mais bien sûr, c’est impossible, tout le monde le sait.

Oui nous ressusciterons un jour, dans longtemps. Et Dieu jugera alors nos actes. C’est en tout cas ce que je crois.

Marie affabule c’est sûr. Surtout lorsqu’elle raconte cette étrange rencontre qu’elle aurait fait ce même jour. Un homme, qu’elle a d’abord pris pour le jardinier, l’a bouleversée quand il a prononcé son nom. Elle est persuadée qu’il s’agit de Jésus.

Bien sûr rien de tout cela n’est vrai. Marie a une imagination débordante et elle aimait tant le Seigneur qu’elle est prête à se raconter n’importe quelle histoire pour ne pas devenir folle de tristesse.

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Jour 3 : La Colère et le Marchandage

Journal de résurrection, 3ème jour

J’en ai marre de tous ces bruits qui courent sur Jésus. Je veux juste qu’on me laisse tranquille une fois pour toutes pour que je puisse commencer mon deuil.

Je refuse une consolation à bon marché. Je refuse d’entendre la voix de ceux qui ne savent rien de ma douleur et qui me demandent de me calmer en disant : tu verras, tout ira bien !

Non, rien ne va bien. Ni cette mort injuste sur la croix, ni ce cri qui a retenti et qui commence à se répandre : Il est ressuscité ! Et puis quoi encore ?

En tout cas je ne me laisserai pas berner. Je ne goberai pas toute crue cette histoire de résurrection. Un mort qui passe au travers des murs ! Il ne manquerait plus qu’il nous convoque à un pique-nique au bord du lac, ce serait le comble du comble !

D’ailleurs s’ils y croyaient tant que ça les autres, est-ce qu’ils seraient revenus s’enfermer ici ? Comme si ce pseudo-confinement leur plaisait.

Ils disent : Nous avons vu le Seigneur. Grand bien leur fasse ! Si ça peut les consoler. Moi je n’ai rien vu, je n’ai reçu aucune preuve de ce qu’ils disent et je ne veux pas de leurs explications vaseuses. Si Jésus est vivant qu’il vienne me le prouver en face, qu’il me laisse le toucher, alors peut-être que je croirai !

Mais c’est exclu que je me lance sans certitudes. Exclu que je suive bêtement le troupeau, les yeux fermés. Moi je veux voir pour croire. Sur ce point je suis d’accord avec Thomas mon frère et mon jumeau.

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Prière de repentance :

Éternel, nous voici confrontés à nos limites et à nos doutes.

Oui, nous entendons ton appel à la confiance.

Nous entendons ton appel à vivre libre, heureux, relevé et vivant.

Mais tant de choses nous retiennent.

Et nous restons le regard et le cœur tourné en arrière vers tout ce qui fait obstacle à ta vie en nous : la peur, l’égoïsme, les préjugés, notre besoin de tout maîtriser parce que si souvent nous avons été blessés, abusés dans notre quête d’amour et d’authenticité.

Comme les disciples, nous vivons enfermés sur nos idées toute faites et nous sommes incapables de lâcher prise pour saisir à pleine mains cette vie que tu nous offres.

Ce matin, nous te le demandons, sois pour nous force de vie, devient en nous, par les mots de l’Évangile, cette source jaillissante en vie éternelle, cette vie vécue en plénitude ici et maintenant.

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Jour 4 : La Tristesse

Journal de résurrection, 4ème jour

Mon âme est triste à en mourir.

Personne ne peut me comprendre, personne ne peut m’entendre ou m’atteindre.

Où est Dieu quand tout va mal ? Où est-il quand nos repères s’effondrent ? Quand le monde familier tombe en lambeaux ?

Il nous abandonne au néant et à l’absence.

Et nous restons comme prisonniers de nos sens, empêtrés dans nos idées reçues, incapables de voir au-delà, de toucher l’horizon ou de changer le cours des choses.

Nous nous croyons tout puissants et nous sommes vaincus par une absence, par un rien.

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Annonce de la consolation et du pardon

Voici ce que nous dit l'Éternel dans le livre du prophète Esaïe :

« Même si les montagnes s’effondraient, même si les collines chancelaient, ma bonté pour toi ne faiblira pas et mon alliance de paix ne sera pas ébranlée, car je t’aime d’un amour éternel. » (Esaïe 54, 10)

« …et je te consolerai comme une mère console son enfant. » (Ésaïe 66 :13)

Oui mes amis, parce que Jésus est vivant ; parce que les forces de la mort et de la destruction n’auront jamais le dernier mot, l'Éternel notre Dieu, notre Père se penche vers nous et nous dit :

Mon enfant,
N’aie pas peur, avance en paix.
Tu ne disparaîtras pas dans le grand tourbillon de la vie.
Même quand tes forces t’abandonnent,
même lorsque tu ne sais plus qui tu es,
ni que penser,
ni que faire et que l’image dans ton miroir s’embue, je suis là.
Relève-toi, reprends ta route, elle est si belle.
Je te garde intact car je t’aime d’un amour éternel.

Amen

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Jour 5 : La Résignation

La cinquième étape, c’est celle de la résignation, parce que lutter encore est épuisant et ne mène à rien.

Une voix ou plutôt un murmure, un souffle, se fait entendre au plus intime de nous-mêmes. C’est le moment d’abandonner le combat et de chercher un autre moyen. Pour l’instant tout est encore flou mais, puisque telle est la réalité, autant l’accepter, autant faire avec.

Tout changement demande du temps, toute transformation demande un temps de maturation, comme un lâcher-prise nécessaire.

Il nous faut apprendre à consentir à la vie et à la volonté de Dieu qui veut nous remettre debout.


Journal de résurrection, 5ème jour

Il me faut trouver le courage d’être en vie à nouveau. Passer de la pénombre à la lumière du jour.

Je n’ai pas envie de ressembler à ces femmes et à ces hommes de peu de foi qui restent enfermés dans leur tour d’ivoire et dans leurs certitudes.

Nos dogmes sont le reflet de nos peurs et ils nous emmurent plus sûrement que des pierres.

Si le tombeau n’est pas la fin alors il n’y a plus de limite. Ressusciter, c’était la dernière transgression possible. Celle qui change tout. Celle qui valide tout.

Dire je crois, ne veut pas dire que je sais. Dire je crois, c’est dire mon intime conviction avec une pudeur immense.

Quand on dit je crois on n’est pas certain de ce que l’on dit, on l’espère juste un peu plus fort.

Je crois que la mort n’est pas la fin et je veux, pour me relever, consentir à la vie qui s’entête.

Voilà déjà le premier pas.

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Prière d’intercession :

Dieu Notre Père nous voici devant toi, femmes et hommes de bonne volonté, mais si fragiles et si forts à la fois.

Nous voici devant Toi pour t’apporter ce que nous sommes et prier pour ce monde que tu aimes tant.

Nous te prions pour la paix : une paix fondée sur l’amour du Christ, la paix pour que l’inimitié et la peur fassent place au pardon.

Nous te prions pour que naisse en nous l’espérance : une espérance plus forte que nos doutes, une espérance qui soit le ferment d’un monde nouveau.

Nous te remettons toutes celles et tous ceux qui, en ce temps de pandémie doivent affronter la maladie et le deuil.

Nous te prions pour celles et pour ceux qui sont seuls, celles et ceux qui vivent dans l’angoisse, de la maladie ou du chômage.

Nous te prions pour les migrants aux portes de l’Europe, pour les plus pauvres, nous te prions pour ceux qui, même en Suisse ne trouvent que porte close et sont les premières victimes de la crise économique.

Notre Père que ton nom retentisse si fort sur notre terre que nous reconnaissions ta présence parmi nous.

Que ton règne d'amour et de joie vienne réchauffer tes enfants pour déloger l'angoisse, la souffrance et la misère.

Que ta volonté qui s'est manifestée dans le Christ soit faite aussi à travers nos efforts de justice, de partage, de paix.

Donne-nous aujourd'hui notre pain, notre part d'affection, notre part de force pour vivre et répandre la Bonne Nouvelle.

Pardonne-nous nos offenses comme nous essayons aussi de pardonner les offenses de ceux qui nous blessent, nous ignorent ou ne savent pas nous aimer.

Ne nous soumets pas à la tentation du refus, de la passivité, de la facilité, de l'évasion.

Mais délivre-nous du mal qui s'incruste dans le monde et en nous-mêmes.

Car c’est à Toi qu’appartiennent, le Règne, la Puissance et la Gloire, pour les siècles des siècles.

Amen !

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Jour 6 : L’Acceptation

Journal de résurrection, 6ème jour

Je me sens mieux ce matin. Depuis que j’ai pris la décision de lâcher prise et de consentir à la vie et au vivant.

C’est comme si une paix nouvelle m’envahissait. Une paix profonde qui envahit tout mon être.

La paix au lieu de mes luttes incessantes, au lieu de mes peurs. La paix avec Dieu, avec les autres, avec moi-même. Une paix comme un Shalom donné et que je reçois enfin.

Il faut encore que je m’y habitue. Que je quitte le mode survie pour entrer de plain-pied dans la vie.

Mais j’ai confiance. Je crois que Dieu a une réponse pour chacun de nous, une réponse spécifique qu’il ne destine qu’à nous, parce qu’il nous aime et qu’il sait comment nous rejoindre au plus intime de nous-même.

C’est ce que répond Thomas aux autres qui se moquent de lui et le jugent en lui disant qu’il devrait avoir honte de son manque de foi. Mais Thomas a raison de s’entêter. Il ne veut pas d’une réponse de seconde main. Il ne veut pas juste adhérer à une doctrine. Il veut un tête-à-tête avec le Vivant et je sais que Dieu lui répondra.

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Prédication :

Oui mes amis. C’est vrai que Thomas a raison de s’entêter. Et nous devrions prendre exemple sur lui un peu plus souvent. Pas pour justifier notre incrédulité ou notre paresse, non, mais parce que Thomas nous invite à faire preuve de maturité et de culot en ce qui concerne les choses de la foi. Il nous invite à voir et à toucher par nous-mêmes le Ressuscité, pour découvrir au cœur-même de notre existence, cet élan de vie à nul autre pareil qui jaillit du Logos divin.

Thomas est notre frère, notre jumeau. Il est le modèle de tous les croyants qui n’ont pas connu Jésus, l’homme de Nazareth, mais qui ont rencontré, qui rencontrent et qui rencontreront un jour Jésus, le Christ, le Vivant ; et qui, une fois qu’ils l’ont eu reconnu, le reconnaissent ou le reconnaîtront, lui disent : « Mon Seigneur et Mon Dieu. »

Trop souvent, nous pensons qu’il faut croire à la résurrection du Christ comme s’il fallait en être simplement des spectateurs et des juges. Nous pensons qu’il est de notre devoir d’évaluer cet évènement à l’aune de sa crédibilité ou de sa vraisemblance. Mais la résurrection n’est pas un fait mesurable ou identifiable selon des critères scientifiques. La foi n’est pas une opinion avec laquelle on est d’accord ou pas, ce n’est pas un discours auquel il faudrait adhérer. La foi, c’est quelque chose qu’il faut goûter avec tous ses sens, expérimenter, par le corps, par l’esprit et par l’intelligence aussi, et qu’il s’agit surtout vivre et de confronter au quotidien.

Paul nous y encourage d’ailleurs et il le rappelle à plusieurs reprises dans ses lettres. Aux Colossiens par exemple il affirme : « Vous êtes ressuscités avec Christ. »

Alors ce matin, comme depuis 2000 ans c’est cette même question qui se pose à nous : Êtes-vous, sommes-nous ressuscités avec le Christ ?

Parce que c’est là que se trouve la résurrection véritable. Celle qui a des effets qui se voient. Êtes-vous ressuscités avec Christ ? Vous êtes-vous déjà relevés de vos blessures et de vos échecs pour vous remettre en chemin ? Vous êtes-vous éveillés à la vie et brillez-vous de cet éclat de vie unique que Dieu a mis en vous et qui dit au monde sa lumière et son amour ?

Pour comprendre la résurrection, il ne faut pas juste en entendre parler, il ne faut pas juste tenter d’en être spectateur, comme on regarderait un spectacle de magie. La résurrection, il s’agit d’abord de la vivre, il s’agit d’abord de l’expérimenter dans notre quotidien, dans nos hauts et dans nos bas puis dans nos hauts à nouveau, au cœur de notre vie ici-bas.

Thomas est un chemin de traverse que Dieu nous invite à emprunter pour briser les routes trop droites de nos poncifs et de nos rites étriqués. C’est un petit grain de sable dans la machine bien huilée de nos conventions et de nos certitudes - qu’elles soient croyantes ou athées d’ailleurs.

Thomas qui ne veut pas juste croire à un discours mais qui veut le vivre et l’expérimenter par lui-même.

De toute façon, Jésus, le Vivant dépasse tous nos discours et tous nos dogmes, toutes nos conceptions trop humaines. Il déborde même du texte de l’Évangile parce que rien, aucune Église, aucune religion, aucun texte ne peut ni le contenir ni le dire en entier.

La résurrection de Jésus, mes amis, c’est le surgissement d’une vie nouvelle, une vie qui vient de Dieu et qui retourne à lui dans un mouvement perpétuel. Dans un mouvement qui n’a d’autre code que ceux de la Liberté, de l’Amour et de la Grâce.

Le texte de l’Évangile de Jean donne trop peu de détails pour que nous puissions comprendre rationnellement ce qui s’est passé le huitième jour, dans la maison où se trouvent les disciples ; mais il nous en dit assez pour que nous puissions comprendre que ce qui est arrivé ce jour-là nous concerne personnellement.

Ce jour-là, Jésus se rend présent aux disciples, comme il l’a toujours été. Il se tient debout au milieu d’eux et il leur donne sa paix. À Thomas, il montre ses mains, son côté, ses blessures. Comme si c’était elles qui l’identifiaient le mieux. D’ailleurs ne sont-ce pas nos blessures et nos failles qui disent le mieux qui nous sommes ? Les marques de nos luttes sont une part de notre identité.

Et Thomas n’a pas besoin de toucher pour croire, contrairement à ce que certaines peintures représentent. Il sait immédiatement que Celui qui les a rejoints ce jour-là, c’est le Logos divin, c’est cette Parole créatrice qui donne la vie et que Thomas reconnaît immédiatement parce qu’il l’a reçue et qu’il la connaît au plus intime de lui-même.

Mes amis, ce matin, Thomas nous invite, non pas à devenir des croyants, mais à devenir des vivants qui croient. Il nous invite à être nous aussi réveillés et remis debout.

Le Christ Vivant, c’est celui qui nous habite et qui nous dynamise. Celui qui nous fait vivre, donne sens à notre vie et remplit notre existence d’espérance et c’est ce Christ-là que Thomas a rencontré et qu’il nous invite à rencontrer à notre tour.

Amen.

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Jour 7 : La Reconstruction

Journal de résurrection, 7ème jour

Une loi fondamentale précède et éclaire toute autre loi, civile, morale ou religieuse. Elle s’énonce ainsi :

Article unique : Il faut vivre.

Il n’y a pas d’article second.

Il faut vivre. Avec avidité. Avec intensité. Car rien n’est vrai que vécu.

Si la foi en Dieu et en Jésus ressuscité était de quelque manière un carcan à la passion de vivre, je refuserais la foi.

Ce qui est merveilleux dans la foi, c’est qu’elle ne cesse jamais de dilater dans l’exigence et le combat la ferveur de vivre, jusqu’à l’ivresse ; et la passion d’être homme, la passion d’être femme, et la célébration du couple, et toutes les splendeurs de la chair et du sang et toutes les lumières, le rire et le sanglot.

Vivre. Étreindre. Même le malheur.

Vivre : les deux bras tendus sur l’orchestre et décider l’instant où la vie va danser, chanter, crier, pleurer peut-être. Mais vivre.

J’écris cela le cœur plein d’Évangile : l’Évangile du Golgotha, et celui de la résurrection.

Il faut vivre.

Toutes les promesses de Jésus dans l’Évangile sont promesses de vie.

Il faut « oser vivre ». Voilà qui risque d’étonner ; il est pourtant évident que pour savoir vivre il faut d’abord oser vivre.

(Jacques Leclercq, Debout sur le soleil, Seuil, pp 13-14)

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Jour 8 : Le Commencement

Ce matin nous sommes dans le 8ème jour. Huit jours, c’est 7 + 1. Les 7 jours de la création pendant lesquels Dieu a ordonné le chaos + 1.

Pâques, c’est un commencement, une deuxième Genèse, la première brique posée d’une création toute neuve.

Le 8ème jour est un jour nouveau. Et le souffle qui planait sur les eaux au début du monde est donné aux disciples, lorsque Jésus souffle sur eux. Du chaos et de la peur, ils passent à la joie. De disciples, ils deviennent apôtres et la Parole se répand sur la terre.
La Parole s’est répandue jusqu’à nous aujourd’hui, nous qui vivons dans ce 8ème jour. Mes amis tout est nouveau aujourd’hui, même si nous avons l’impression que ce monde est si vieux. Par la grâce de Dieu, par la résurrection du Christ, par le souffle de l’Esprit, tout est nouveau chaque jour, et le monde, et la vie sont à construire et à réinventer à chaque instant.


Journal de résurrection, 8ème jour

Ce matin, Il est venu.

Comme nous étions deux ou trois – peut-être un peu plus – assemblés en son nom, il est venu au milieu de nous.

Il nous a donné sa paix et il nous a relevé.

Nous avons écouté sa Parole et nous avons reçu Son Esprit.

Ce matin tout a changé. Je suis vivante. Un monde nouveau commence.

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Bénédiction

Et dans cet élan de vie, dans le surgissement de cette vie nouvelle, recevons l’assurance de la présence bienveillante de Dieu en nous et à nos côtés :

L'Éternel nous bénit et nous garde.

Le Dieu de Jésus-Christ tourne sa face vers nous et nous donne la paix du cœur.

L’Éternel demeure avec nous et avec les nôtres, avec les présents et avec les absents, avec ceux qui sont dans la tristesse et ceux qui sont dans la joie, pour le temps et pour l'éternité.

Amen

Il faudra bien un jour sortir de nos confinements, secouer nos léthargies et nous relever pour nous mettre en marche à la suite du ressuscité de Pâques.
Après le choc de la résurrection, comme les disciples, traverser l’une après l’autre les étapes de cette transition, un jour à la fois, de la sidération à la reconstruction, pour entrer, nous aussi, en plénitude de vie. 

Détails

Avec la participation de
Anne-Claude Rüdig pour les lectures
Orgue
Jean-Pierre Hartmann
Musique
Sylvie Rochat au violon et l'Ensemble Voskresenié sous la direction de Yaroslav Ayvazov