La confiance dans la tempête

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D’après une prédication de Sarah-Isaline Golay donnée à la Cathédrale de Lausanne le 24 juin 2018
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Inconscience ? Indifférence ? Innocence ? Ou confiance ?

On pourrait se poser la question du drôle de type qu’est Jésus dans cet épisode de la tempête ! Car pris dans une telle aventure, avec une barque qui menace de se renverser, avec le risque de couler et mourir… moi j’ai peur !

Jésus fait preuve ici à mon avis d’une belle inconscience, voire même une indifférence pas très sympa pour ses compagnons. Les disciples, on peut l’imaginer, doivent s’affairer entre proue et poupe pour écoper, redresser la barre, sauver l’embarcation. Cela devait s’agiter dans tous les sens, mais Monsieur Jésus, lui, dort tranquillement sur son petit coussin.

Ni la tempête, ni le bruit des vagues ne réveillent du sommeil du juste Jésus. Seules les paroles des disciples le réveilleront : leur appel à l’aide, leur cri d’alerte. Et Jésus, dans ce passage de Marc comme dans celui de Luc, et contrairement au récit de Matthieu, agira en premier pour apaiser la tempête et ensuite enseigner ses compagnons.

Il part donc au plus pressé, à l’urgent de la situation pour faire retomber la panique, diminuer la peur, faire revenir le calme. Ensuite seulement il leur posera cette question: « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

Seulement après s’être occupé du plus urgent vital, Jésus enseignera ses compagnons sur leur confiance en lui, Fils de Dieu, ayant autorité sur les puissances de la nature. En fait, les disciples de Jésus ne connaissent pas encore très bien qui est vraiment cet homme qu’ils ont décidé de suivre. Ils devront cheminer encore dans leurs apprentissages pour mieux connaître le Christ, mieux saisir qu’il est vraiment Fils de Dieu, Dieu lui-même.

Nous ne sommes en fait qu’au début, au chapitre 4 de l’Évangile. Les aventures ne font que commencer et seront toujours source d’enseignement pour ces hommes en chemin.

Le récit de la tempête apaisée, pour nous, c’est du connu, du joli romanesque pour parler de Jésus aux enfants, un Jésus super fort qui peut tout faire. Pourtant ce récit nous interroge sur nos peurs profondes et pose pas mal de questionnements.

Au soir de la journée, Jésus décide de passer sur l’autre rive du lac. Bizarre comme décision – on ne partait pas sur l’eau la nuit tombée, c’est prendre un risque, c’est naviguer dans la nuit, c’est se risquer vers l’inconnu.

Jésus s’en remet à ses disciples, Il fait confiance à ses amis. Jésus s’abandonne entre les mains de ceux qu’il estime être des spécialistes, eux qui sont pêcheurs. Souvent on dit que c’est Jésus le grand, le maître, et là, c’est lui qui dit : « C’est vous les spécialistes, moi j’enseigne. Là, c’est à vous de jouer, c’est à vous de me faire traverser le lac. En matière de navigation, moi je n’ai aucun conseil à vous donner. »

Sur la barque Jésus dort la tête appuyée sur un coussin, nous aussi nous aimerions poser sur le coussin nos têtes trop pleines, trop stressées, trop remplies de tout. Au cœur de la tempête Jésus ne se réveille pas, peut-être a-t-il simplement confiance, confiance en ses amis qui arriveront à se débrouiller, confiance dans le potentiel de survie de l’être humain qui se démènera pour s’en sortir, confiance que tout finira bien. Jésus n’interviendra pas, à moins qu’on le lui demande. Tant que les disciples seront agrippés à leurs peurs, agités à s’en sortir par eux-mêmes, tant qu’ils iront de droite et de gauche pour écoper, se sauver, survivre sans lui, alors il restera endormi sur le coussin.

Ce n’est qu’à leurs voix, leurs appels à l’aide que le Seigneur agira avec toute puissance et restaurera le calme dans la barque. Et si Jésus n’avait pas été au fond de la barque, est-ce qu’ils auraient paniqué ? Ou est-ce qu’ils se seraient dit : « Voilà on est seul, ma foi, il faut qu’on assure ! »

Toute la question est : est-ce que la présence de Jésus dans la barque nourrit la confiance, ou est-ce que ça nous dit qu’on n’est pas capable, qu’on a besoin de lui ?

Ce récit nous interroge sur nos peurs paralysantes ou agitées, celles qui nous clouent sur place ou celles qui nous font nous activer frénétiquement pour s’en sortir. Dans toutes nos peurs, où est le Seigneur ? Où est notre foi en lui ?

La peur la plus profonde de l’homme c’est la perte : perdre sa vie, perdre sa dignité, perdre la maîtrise de son existence, perdre… Ne plus avoir, ne plus posséder, ne plus pouvoir manier la barre de nos barques comme nous l’entendons.

La tempête, est-elle à l’intérieur ou à l’extérieur de la barque ? En l’occurrence elle est à l’extérieur. Mais petit à petit elle commence à submerger l’intérieur, à s’insinuer dans la barque, à tel point qu’elle se remplit d’eau. Si on suppose que la barque représente nos vies, parfois nous sommes submergés par des tempêtes qui viennent d’ailleurs et nous, nous résistons, notre être intérieur n’en est pas bousculé et nous allons bien. Mais parfois ces tempêtes extérieures propulsent des vagues qui commencent à remplir notre barque et à nous alourdir. Et finalement je ne suis plus capable d’affronter la tempête extérieure parce que c’est aussi la tempête à l’intérieur. Et là, c’est la panique.

Mais alors, qu’est-ce qui peut rétablir la paix à l’intérieur ? C’est l’attitude de Jésus, et c’est la place où il se trouve. Jésus fait confiance. Il est au fond du bateau. Il n’est pas dans les vagues, il n’est pas dans la tempête, il n’est pas l’origine de la tempête, il est embarqué avec ceux qui luttent. Et il est dans une attitude de paix et de confiance, d’abandon, de sommeil au cœur de la tempête, dans la barque. Jésus est embarqué avec nous. Et revenir à cette présence, à cette paix intérieure, permet de distinguer l’intérieur de l’extérieur. Et le vrai miracle ce n’est pas la tempête apaisée, c’est le calme et la paix au cœur de la tempête. La confiance au cœur de la tempête.

Nous lisons dans le Psaume 23 : « Quand je passerai par la vallée de l’ombre de la mort je ne redoute aucun mal, car tu es avec moi. » Ça veut dire qu’on ne passe pas à côté. Ça ne veut pas dire qu’être chrétien, qu’être croyant, nous allons être délivrés du mal, ne rien ressentir, qu’il n’y a aucune galère qui va m’arriver. Mais ça veut dire que je vais pouvoir traverser tout ça, et que quand je serai là au milieu, je ne suis pas tout seul. « Je ne redoute aucun mal, car tu es avec moi. » « Tu es avec moi. » Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de maladies, qu’il n’y a pas morts, qu’il n’y a pas de souffrances, pas d’injustice, il n’y a pas de galère, pas de soucis financiers.

Alors le texte de ce matin nous encourage à crier au Seigneur : « Cela ne te fait-il rien que nous soyons au bord de la mort ? Cela ne te fait-il rien que nous soyons au pire de la tempête de nos vies ? Cela ne te fait-il rien que nous soyons dans la détresse qui nous fait sombrer ? »

Ces paroles peuvent être un peu dures à dire et à entendre, mais nous avons peut-être besoin de réveiller Dieu au cœur de nos peurs les plus profondes pour qu’il nous en sauve, pour qu’il agisse avec puissance sur nous et nous enseigne avec fermeté à ne pas sombrer, à ne pas chavirer dans la tempête de nos ténèbres.

Si Jésus dit à la tempête : « Silence ! Calme-toi ! », on peut penser qu’il a cette parole pleine d’autorité aussi pour nous. Le Seigneur pourrait nous dire : « Rien ne sert de t’agiter, de te laisser sombrer dans les angoisses, calme-toi ! Regarde-moi, réveille-moi et revient à la confiance que tu as en moi, ton Dieu quand tout va bien. Voilà que tout va mal, fais-moi donc un peu confiance, regarde ta petite foi et apprends ! Ne laisse pas tes terreurs prendre le dessus de ta vie. Ne laisse pas l’angoisse t’engloutir. Fais silence, calme-toi et écoute-moi. Je ne quitte pas la barque de ta vie, je suis toujours là, réveille-moi ! »

« Alors le vent tomba et il y eut un grand calme. »

Je nous souhaite de pouvoir vivre ce calme-là au cœur de toutes les tempêtes que nous avons à traverser. Je nous souhaite de poser sur l’oreiller nos craintes et nos doutes, je souhaite qu’il continue à nous enseigner avec fermeté et amour à avoir toujours plus confiance en lui de jour comme de nuit, sur une rive ou sur l’autre, dans la barque ou sur la terre ferme.

Amen.

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Quand ce sont des experts de la navigation qui paniquent sur le bateau… ce deuxième culte à Nyon va nous embarquer dans la tempête avec Jésus et ses disciples.

Une prédication du pasteur Kevin Bonzon, d’après une prédication de Sarah-Isaline Golay donnée à la Cathédrale de Lausanne le 24 juin 2018.

Détails

Avec la participation de
Michel Jaques
Orgue
Musique
Le "Gospel Jam Band" sous la direction de Claude Francano, avec la chanteuse Marilou Dugon. David Pantel au piano, Javier Rodriguez à la guitare, Claude Francano au saxophone, Davi de Moura à la basse et Andrezinho Souza à la batterie.