Espérer contre toute espérance

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Jean-Paul Burhard
Pour espérer, il faut une promesse, et quelle promesse !
Pour Abraham, notre père en la foi, elle vient de Dieu Lui-même qui a prophétisé, qui a promis sur la vie d’Abraham, qui a promu Abraham en déposant en lui cette semence de foi. Dieu en a fait Son collaborateur. Quel honneur suprême, mais aussi quel prix à payer ! On garde en mémoire la demande surprenante du sacrifice d’Isaac, du fils de la promesse, qui est une préfigure de Christ, l’accomplissement suprême de la promesse ! La foi ne s’arrête pas à Abraham ! Elle continue… et c’est toute l’histoire de Dieu avec les hommes ! La preuve, vous êtes là ce matin !

Abraham, ou ‘père d’une multitude’, porte pourtant en lui déjà la mort ; il est et reste mortel ; Dieu est Adonaï, l’Eternel ! Dieu aime prophétiser sur les mortels ! Et quand l’Eternel Adonaï donne une promesse, quand Il prophétise sur un mortel, Il tient Sa promesse, car Dieu ne parle jamais en vain. Alors, l’Eternel parle au mortel, à Abraham, qui porte en lui, dans son essence même la vie, car elle est donnée par Dieu, la Vie.
Dieu n’est pas là pour tendre des pièges : Dieu notre Père céleste nous rencontre pour nous tendre les bras et nous amener plus loin, en nous portant dans et par Ses promesses qui sont ‘Oui et Amen !’ et que nous devons toujours (!) prendre par la foi.
C’est évident que la semence, la puissance de la vie ne pouvait sortir comme cela des reins d’Abraham ni du sein de Sara… ils étaient presque morts ! Pourquoi ? Eh bien justement, c’est cela la foi… croire au possible de Dieu dans l’impossible de l’homme, car en Dieu, par la foi, on devient avec Lui acteurs… et tout devient alors possible ! Comment ? En mettant le peu que nous avons au bénéfice du TOUT que notre Dieu a en réserve ! Si on regarde le verset 17 de ce passage : ‘Abraham est notre père devant Dieu en qui il a cru, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas encore’ ! Ps 33.9, Car il dit, et la chose arrive ; Il ordonne, et elle existe. Le même apôtre, plus loin en 1 Co 1:27, n’a-t-il pas dit : Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes. Il fait, là, référence à la prédication de la Croix qui est aussi non pas à forcément comprendre premièrement, mais avant tout à prendre par la foi et avec son cœur !
La foi, c’est avoir donc confiance en Dieu mon Père céleste ! C’est par elle que ‘l’on devient héritier : c’est vraiment une grâce !’ Par elle, la promesse ‘est assurée à toute la descendance d’Abraham’, notre père en la foi (v. 16) ! La foi engendre les choses qui deviennent alors possibles grâce au possible Dieu de l’impossible ! Ma foi est l’instrument que j’utilise pour rejoindre le possible de Dieu, Dieu mon Père céleste qui me rejoint dans mon impossible…!

Amen.

Luc N. Ramoni
Abraham, comme on vient de l’entendre, c’est le Père des croyants, non seulement parce que de lui sont nées les traditions juives, chrétiennes et musulmanes, mais déjà parce qu’il est notre ancêtre dans la foi ; et c’est bien sa foi qui lui a valu d’être considéré comme un juste auprès de Dieu …
En réfléchissant, c’est une faveur immense que Dieu a faite à Abraham… Est-ce que peut-être nous voudrions aussi être considérés comme justes devant Dieu ?
Alors d’abord, si nous voulons comprendre pourquoi Dieu a accordé cette faveur à Abraham, il nous faut regarder son parcours, observer et comprendre ce qu’il a fait : c’est au travers de ses actes qu’on saura ce qu’il y a au fond de lui…

Peut-être ne connaissez-vous pas Abraham ? Eh bien il y a au moins deux épisodes de sa vie que j’ai envie de vous raconter ou de vous rappeler : tout d’abord il y a cette histoire qui raconte que Dieu demande à Abraham de quitter son pays et tout ce qu’il possède, de quitter donc aussi ses parents, pour aller vers un pays que Dieu lui montrerait, avec la promesse aussi d’avoir une large descendance … et Abraham d’obéir … et Abraham de faire confiance à la parole que Dieu lui avait adressée : incroyable !
Le second épisode, on en a déjà entendu parler tout à l’heure, c’est de nouveau une parole de Dieu à Abraham, une parole où Dieu demande à Abraham de lui sacrifier son fils unique Isaac … et Isaac, c’est le fils de la promesse ! Si Isaac ne vit pas, il ne peut pas y avoir de descendance ! Et il faut savoir qu’Abraham était déjà bien vieux quand il avait eu son fils … Alors on se dit d’abord : « Cet ordre est absurde ! Dieu sabote lui-même la promesse qu’il a faite ! » … Et ensuite, surtout, on n’en revient pas de voir qu’Abraham obéit sans discuter ! Il est fou !
Qu’est-ce que nous aurions fait, à sa place ?
Est-ce que nous aurions obéi ?
Est-ce que nous serions partis sur les routes sans connaître la destination ? Pendant les vacances, d’accord ! Mais autrement !
Est-ce que nous irions jusqu’à sacrifier nos propres enfants à Dieu ? La réponse à cette question semble évidente… Non !
Non évidemment, même avec de solides garanties… même en échange de quelque chose d’inestimable… non !

Alors, c’est vrai qu’Abraham a pu parfois poser des questions, il a émis des réserves, il a demandé si Dieu était bien sûr de ce qu’il exigeait… mais jamais il n’a reçu de garanties.
On va me dire qu’au moment où Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils, il avait déjà reçu la terre qui lui avait été promise : la première promesse avait été honorée… D’accord ! Mais est-ce que vous pensez que c’est suffisant comme garantie, pour oser sacrifier son fils ? Moi je ne crois pas ! Et pourtant Abraham, dans sa folie obéissante à Dieu, Abraham a eu raison : et il n’a pas eu besoin, finalement, de sacrifier son fils !
Mais donc, voilà en quoi Abraham est un exemple de croyant, les deux histoires que j’ai évoquées montrent en quoi il est vraiment notre Père dans la foi : si Dieu lui avait offert des garanties, si Dieu avait pu lui prouver que ses promesses se réaliseraient, pourrions-nous vraiment dire qu’Abraham était croyant ? Mais non !
Alors oui, nous pouvons voir Abraham comme ce fou qui a obéi à Dieu sans garanties … Mais nous aussi, chers amis, bien souvent nous marchons dans le noir, sans aucune certitude qu’il y ait quelque chose de bon au bout de la route. Aujourd’hui, c’est dur d’être frappé de maladie et de ne pas être sûr de guérir… Aujourd’hui, c’est dur de rechercher du travail et de recevoir sans arrêt des réponses négatives … Aujourd’hui, c’est dur de finir le mois en avance et de ne pas savoir de quoi on se nourrira demain ! Vous tous, qui vivez ce genre de situations, vous êtes des enfants d’Abraham !
Or Abraham a été considéré comme juste par Dieu : il est le Père des croyants … il est notre Père dans la foi, lui qui a accepté de naviguer dans le noir sans assurances aucune de ce qui allait lui arriver : il nous encourage à croire, et à croire seulement !

Amen.

Nicolas Bessire
Être juste, c'est trouver envers chacun l'attitude exacte qui convient ; être justifié, c'est, en cas d'épreuve ou de débat, démontrer non pas tant son innocence que la justesse de tout son comportement, c'est faire éclater sa propre justice.
Etre justifié c’est normalement faire triompher sa cause sur celle d’un adversaire, faire reconnaître son bon droit. Seulement, quand il s’agit de Dieu, être justifié devant lui est impensable.
Pourtant, l’Ancien Testament pose d’un côté la justification de l’homme devant Dieu comme une hypothèse irréalisable, mais en même temps comme une situation pour laquelle l’homme est fait. Dieu est juste, cela veut dire qu’il n’est jamais dans son tort et que nul ne peut disputer avec lui. C’est ce que disent les prophètes, Esaïe, Jérémie. Mais cela veut aussi dire que, sachant de quoi il nous a pétris et pour quelle communion il nous a créés, il ne renonce pas au nom même de sa justice et par égard pour sa créature, il la rend capable d’être devant Lui exactement ce qu’elle doit être : juste.

Devant Dieu donc, la sagesse sera de confesser son péché et, dans le silence, de le laisser faire éclater sa justice. Dieu reconnaît, dans la foi d'Abraham, un geste par lequel celui-ci répond à tout ce qu'il attendait de lui.
Dans l’Ancien Testament, c’est la loi, expression de la volonté de Dieu, qui permet, en l’accomplissant, d’être juste devant Dieu aussi. Mais cette justification est l’œuvre de Dieu et de sa miséricorde, et non pas le fait seulement d’observer la loi. Cela va être toute la polémique entre Jésus et les pharisiens, entre autres, qui croient pouvoir atteindre le Royaume en méritant, en accomplissant la loi, alors qu’elle est don de Dieu qu’elle est pure grâce.

Mais, bien sûr, c’est Jésus Christ qui est réellement « le juste » ; il est devant Dieu exactement ce que celui-ci attendait, le Serviteur en qui le Père peut enfin se complaire ; il sut jusqu'au bout « accomplir toute justice » et il est mort pour que Dieu soit glorifié. Dans cette mort, qui parut celle d’un réprouvé, Jésus trouve en réalité sa justification, la reconnaissance par Dieu de l'œuvre accomplie, que celui-ci proclama en le ressuscitant et en le mettant en pleine possession de l'Esprit Saint.
La vérité est que Dieu, dans le Christ, « a voulu montrer sa justice … afin d'être juste et de justifier celui qui se réclame de la foi en Jésus ».
Sa justice, Dieu évidemment la manifeste d'abord envers son Fils « livré pour nos fautes » et qui, par son obéissance et sa justice, a mérité pour une multitude la justification et la justice. Mais que Dieu donne à Jésus Christ de mériter notre justification, cela ne veut pas dire seulement qu'il consent, par égard pour lui, à nous traiter comme des justes : cela veut dire qu'en Jésus, il nous rend capables de prendre l'attitude exacte qu'il attend de nous. Pour nous tenir devant lui.
Cette régénération intérieure par laquelle Dieu nous justifie s'accomplit réellement en nous, dans nos gestes et dans nos réactions, mais en nous dépossédant de notre attachement à nous-même, de notre propre gloire, en nous attachant à Jésus Christ dans la foi. La foi qui n’est pas seulement don de Dieu, mais qui est aussi un choix personnel, vouloir établir une relation avec Dieu, d’accueillir le don qu’il nous fait. Croire en Jésus Christ, c'est en effet reconnaître en lui Celui que le Père a envoyé, c'est adhérer à ses paroles, c'est « accepter de tout perdre, comme nous dit Paul, afin de gagner le Christ », de sacrifier « sa propre justice, celle qui vient de la Loi » pour recevoir la justice qui vient de Dieu et s'appuie sur la foi. Croire en Jésus-Christ, c'est « reconnaître l'amour que Dieu a pour nous et confesser que Dieu est Amour ».

Amen.

Laurent Cuendet
Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
Ce dicton connu est souvent prononcé pour encourager celles et ceux qui passent par une épreuve et qui voient leurs lendemains remis en question. Pourtant, ce proverbe, bien que rassurant, n’offre en finalité aucune garantie quant à ce qui nous attend.
C’est d’ailleurs cette perspective incertaine du futur qui a poussé Dante, dans sa « Divine comédie », à faire figurer l’inscription suivante au-dessus du séjour des morts : « Abandonnez tout espoir, vous qui entrez ici ».
Il n’en va pas de même pour le texte biblique qui retient notre attention aujourd’hui. Celui-ci nous dit qu’il est possible pour le chrétien d’espérer, alors même que tout espoir semble vain.

La vie d’Abraham illustre ce principe. Comment continuer à espérer être le père d’une multitude de nations quand il faut faire face à la stérilité de son épouse et que les années passent inexorablement. Pas d’enfant, pas d’avenir !
Mais ce que Dieu promet il l’accomplit… toujours… en son temps. C’est ainsi qu’il faudra attendre que le patriarche soit âgé de 99 ans pour que Sara, sa femme, donne naissance de façon inespérée à un fils, Isaac.
L’histoire est belle. Mais limiter ce passage à ces événements serait trop réducteur, car le témoignage d’Abraham c’est bien plus que le récit d’un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants et dont Dieu exauça les prières.
Si pour ces époux le fait d’être privés d’une descendance était assimilable à une mort, alors l’arrivée d’Isaac, elle, annonce… une résurrection.

Voilà l’espérance chrétienne : elle nous révèle que quoi que l’avenir nous réserve, Dieu nous fait la promesse de ne jamais nous abandonner. Il nous promet que rien ne pourra nous séparer de Son amour, ni la vie et son lot d’épreuves, ni les déceptions ou les mauvaises surprises. Ni même la mort. Avec Dieu celle-ci n’a pas le dernier mot. En Lui, c’est toujours la vie qui finit par triompher. « Car je vis, et vous vivrez » déclare Jésus Christ dans l’évangile de Jean au chapitre 14.

Ainsi, si l’espoir fait vivre, c’est l’espérance qui rend vivant.
La vie ne se résume pas à naître, puis à lutter pour chercher à gagner sa vie afin d’accumuler un pécule sécurisant et enfin mourir en espérant que cela se passe dans les meilleures conditions. Il y a mieux. Il y a une espérance à vivre.
C’est pourquoi ce matin, alors que nous sommes réunis en ce lieu et par les ondes, au-delà de nos sensibilités spirituelles différentes, n’oublions pas que c’est cette espérance qui nous unit et surtout que c’est cette espérance qui nous envoie vers le monde.
L’espérance dans ce sens n’est pas une échappatoire qui nous mettrait au-dessus des turpitudes de la vie. Au contraire, elle nous sort de la peur de l’avenir et du pessimisme ambiant et nous encourage à entreprendre pour assumer nos responsabilités et nous intéresser aux autres.

Aussi, vivre dans l’espérance, c’est un programme de vie. Et combien est-ce important dans notre société d’aujourd’hui, si souvent menacée par le désespoir et les drames grandissants. Celui de l’immigration en particulier, qui se déroule actuellement sous nos yeux, ne peut pas, ne doit pas nous laisser indifférents et insensibles.
« Notre foi est porteuse d’une espérance dont le monde a besoin » a rappelé Monseigneur Pontier, Président de la Conférence des évêques de France en avril 2014.
L’espérance n’empêche pas de rester réalistes face aux défis et difficultés qui nous attendent, mais elle les habite. Et cela change tout ! Cela permet de regarder notre monde autrement, et nos vies aussi différemment. Cela nous engage dans ce monde pour qu’il soit plus juste, plus fraternel, selon le dessein de Dieu.

Par conséquent, accueillons encore en ce jour cette espérance au plus profond de nos cœurs. Par son Esprit Saint, Dieu veut la renouveler en chacune et chacun de nous. Oui, pouvoir espérer alors même que tout espoir peut sembler vain, voilà la bonne nouvelle que nous pouvons partager tous ensemble ce matin !

Amen.

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Dans le cadre de la Schubertiade d’Espace 2, RTSreligion vous propose en lieu et place de la messe et du culte une matinée œcuménique en direct de Bienne.Dès 9h, une balade musicale et spirituelle vous entraîne au gré de la passion qu’éprouve Philippe Krüttli pour la musique sacrée. Directeur de l’École de Musique du Jura bernois et chef de l’Ensemble Vocal d’Erguël, il donne à sentir et à entendre l’émotion profonde qui, selon lui, se dégagent d’œuvres chorales de Guillaume de Machaut, au Moyen Age, comme d’Antoine Auberson, dans une composition récente… en passant par Vivaldi, Bach et Schubert.

Dès 10h, RTSreligion vous propose une célébration œcuménique en direct de l’église du Pasquart. Dans le fil continu d'une tradition à Bienne pour les Églises de travailler ensemble, quatre cocélébrants animent ce temps sous la bannière « Espérer contre toute espérance » :
- le pasteur réformé Luc N. Ramoni,
- le prêtre Nicolas Bessire de l’Église catholique romaine,
- le pasteur Laurent Cuendet, de l’église évangélique des Écluses,
- le pasteur Jean-Paul Burkhard, de l’Église du Réveil.

La méditation des 4 célébrants sera inspirée par l'exemple d’Abraham exposé dans l'épître aux Romains chapitre 4, versets 18 à 25.

Marie-Jeanne Carnal prête sa voix aux lectures, Sara Gerber à l’orgue, et le chœur des Armaillis de la Gruyère, sous la direction de Michel Corpataux, assurent la partie musicale.

Insérée dans le programme de la Schubertiade, cette matinée est animée par Evelyne Oberson et Gabrielle Desarzens.

Détails

Avec la participation de
Nicolas Bessire, Laurent Cuendet, Jean-Paul Burhard et Marie-Jeanne Carnal
Orgue
Sara Gerber
Musique
Le choeur des Armaillis de la Gruyère, sous la direction de Michel Corpataux