De la valeur des promesses

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Ce qui nous permet de tenir dans l’existence, ce sont les promesses qui nous sont faites. Une promesse donne toujours confiance en un futur dégagé des limites, en un présent obscurci et menacé.
En effet, la promesse permet de croire en un avenir élargi à la pleine dimension de nos attentes et de nos besoins. Et si aucune promesse, jamais, ne se réalise, cela signifie qu’en fin de compte tout n’est que mensonge et misère, que nous sommes définitivement rivés à une condition absurde ; l’espérance se meurt et il ne reste que le morne vide quotidien.
Aussi le Christ prépare les siens à leur avenir : « Dieu vous donnera un autre soutien, l’Esprit de Vérité. Il demeure avec vous, il sera en vous. » C’est ici le « don suprême », cœur de la promesse. Cette promesse s’articule autour d’une invitation fore : « Aimez-moi, gardez mes commandements », autrement dit : Sourcez-vous à mon enseignement, comportez-vous selon le modèle « christique » ; et d’un engagement de Jésus : « Je prierai le Père. »
Ce soutien annoncé c’est le sens même du latin « advocatus » le défenseur de l’accusé devant le tribunal. Jean lui donne cette signification : « nous avons un paraclet (avocat) auprès du Père, à savoir Jésus-Christ, le juste ». Ce que Jésus demande au Père en faveur des siens, c’est un soutien autre que sa personne physique et son encouragement spirituel, toujours à leur portée, toujours prêt à leur venir en aide dans leur lutte avec le monde.

De cette signification fondamentale découlent aisément les applications suivantes :
· soutien dans les moments de faiblesses,
· conseiller dans les difficultés de la vie,
· consolateur dans les souffrances.
En disant « autre » Jésus se donne implicitement le titre d’avocat, de paraclet. Comme c’est lui qui le demande de notre part, c’est lui aussi qui nous l’envoie de la part de Dieu. Cet Esprit « demeure » avec vous, il sera en vous. Une absence de l’homme Jésus pour un temps, mais une présence du Ressuscité pour toujours : éternellement !

« Je ne vous laisserez pas orphelins. Je reviens à vous. »
Jean utilise ici « le langage du mourant » soulignant la rupture du lien d’avec les vivants, illustrant la cruauté et la dramatique du départ et la réalité de l’abandon. « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » est comme une antienne reprise par les disciples et la communauté johannique.
Cette communauté première est exemplaire du statut du christianisme communautaire : des chrétiens envoyés et placés dans le monde et non hors du monde qui n’accueille, ni ne comprend l’Esprit de Vérité et dont l’attitude envers les croyants sera celle de l’hostilité.
Orphelin,s car désormais humainement responsables, témoins de la Vie au risque de leurs vies. Les témoins de la Résurrection se dressent libre dans un monde aliéné ; responsable dans une société irresponsable, solidaire dans une modernité individualiste. Orphelins, certes, mais construisant l’avenir déjà présent du Royaume, rivé au « je reviens à vous » de la promesse.

« Voir », c'est-à-dire reconnaître le Christ au milieu de nous, en nous, c’est vivre ! La vue dont parle Jésus doit être permanente comme l’indique le présent « Vous me voyez » et Paul la décrit comme contemplation intérieure constante : « Nous contemplons la Gloire du Seigneur à visage découvert. »
Ce travail intime est la source de toute la force du chrétien dans sa lutte avec lui-même, dans sa fragilité, dans ses limites et sa finitude et avec le monde.
Aussi à l’idée de « voir » est substituée celle de « vivre ». En effet, jusqu’au moment de la proclamation de la promesse, les apparitions du Ressuscité sont restées pour les disciples de l’ordre de la vue, elles ne les ont pas fait vivre. D’où l’affirmation de Jésus : « Vous me voyez parce que je vis. » Et comme conséquence de cette vue du Vivant, vous vivrez « alors que le monde ne me voit pas vivant ».
Ainsi la communauté christique est invitée à contempler en elle, autour d’elle les signes de l’alliance de vie. Des signes forts qui attestent de la force d’une promesse active et réelle ; qui ressuscitent le Christ comme espérance pour l’humain et le monde.

Détails

Avec la participation de
Orgue
Didier Godel
Musique
Sara Vicente Aranda, flûtiste